Cette sortie s’est déroulée dans la vieille ville de Francfort sur le thème du mode de vie urbain hérité du Moyen-Âge qui s’est poursuivi jusque vers la moitié du XIXème siècle. Suite à l’évolution technique qui a suivi avec l’installation des réseaux de gaz, d’énergie électrique et de drainage des eaux usées, la vie a été modifiée profondément. C’en fut fini des rigoles au milieu des ruelles qui charriaient les immondices … et du veilleur de nuit, personnage-titre de la conférence. La conférencière a évoqué les veilleurs de nuit bien sûr, et a rapporté diverses anecdotes portant sur l’histoire de Francfort.

 

Le veilleur de nuit était au service de la police municipale dont le siège était la « Hauptwache ». Il se situait en bas de la hiérarchie. Sa mission consistait à patrouiller les rues et ruelles de la cité pendant les périodes nocturnes. Son service débutait à la tombée de la nuit pour se terminer au lever du jour. Il avait plusieurs missions, la principale étant l’observation du respect du couvre-feu et le signalement des départs d’incendies éventuels. Il devait vérifier dans chaque maison que le ou les foyers étaient bien éteints. À ce sujet les directives astreignantes qui s’appliquaient à tous les habitants en cas d’incendie nous ont été exposées. Ils étaient tenus de faire  la chaîne pour se passer des seaux de cuir pleins d’eau et repasser les seaux vides. Chaque famille devait en détenir au moins un en temps normal.

 

Une autre charge du veilleur de nuit était de surveiller les passants. Les personnes  n’était alors pas autorisées à se déplacer sans porter une lanterne réglementaire. Les contrevenants étaient arrêtés et emmenés au poste c. a. d. à la « Hauptwache » où ils y passaient le reste de la nuit. Ces lanternes étaient munies d’une, de deux ou de trois bougies selon la catégorie sociale de ceux qui la portaient, les 3 bougies étant réservées à la « Haute volée ».

 

Mais le veilleur de nuit était également contrôlé. Il était tenu de transmettre un objet lors de son périple à un de ses collègues, à une certaine heure à un endroit déterminé, l’objet en question étant souvent un « casse-tête », une arme médiévale redoutable de combat rapproché. Ceci en dit long sur la capacité du veilleur de nuit à se faire craindre. Il était d’ailleurs équipé systématiquement d’une hallebarde.

 

La conférence s’est terminée au pied de la cathédrale avec l’information concernant l’achèvement de celle-ci. En effet la tour de la cathédrale était restée très longtemps inachevée. Sa partie supérieure avait été aménagée beffroi de surveillance de départs d’incendies et comportait un local d’habitation. Or en 1877, alors que la ville de Francfort venait d’être annexée au 2ème Empire allemand par Bismarck, un incendie s’est déclaré dans la « Fahrgasse » voisine. Une escarbille s’envola pour atterrir sur le toit de chaume de la maison du gardien au sommet. Le feu embrasa les locaux qu’il détruisit entièrement au point de menacer la tour si ce ne fut  la cathédrale tout entière, mais parvint à être maitrisé. Le nouvel empereur d’Allemagne a été bien inspiré d’engager sans tarder les travaux de restauration de la tour, qui sera rehaussée selon le projet d’origine. Il voulait alors s’attirer la popularité des Francfortois qui venaient de perdre leur indépendance. C’est le nouvel État allemand qui en couvrit les coûts.

 

Robert Caron